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Le spectacle
Lors de sa création le 26 décembre 1759, LImpresario delle Smirne, offrait au public une image succulente des murs du monde de lopéra, et des rivalités et jalousies qui hantent le monde du spectacle. Goldoni peint avec férocité et tendresse, réalisme et poésie les mésaventures dune troupe de théâtre aux prises avec les protecteurs et les impresarii.
Et le cadre ? Pour le spectateur du 18ème, Venise apparaissait comme la ville emblématique de lItalie : ville dexcès et de mystères, cité du carnaval et de Casanova. Cependant notre rêve sest déplacé : Venise reste toujours un lieu romanesque et romantique, mais a pris place dans nos mémoires une image différente de lItalie. Ce rêve sincarne dans la Dolce Vita chère aux films de Fellini, de là nos choix de costumes, de ponctuations musicales, cette attention aux images, à un montage - un rythme - cinématographique, un traitement des personnages empreint damour et de dérision.
De là se construit tout notre travail : faire surgir humanité et tendresse de personnages qui auraient vite fait dapparaître caricaturaux et donc demander aux comédiens de rester attentifs à cela. De jouer les situations en y croyant vraiment, gardant à lesprit la vérité des êtres sans chercher des effets de réel. Car tous ne vivent que dans leur rêve de réussite artistique et sociale. De là découle deux motivations : tout dabord obtenir le meilleur rôle, ensuite négocier le meilleur cachet. Car notre histoire est une histoire dargent. De là naissent les rivalités, les espoirs et les déceptions des personnages. De là, découle aussi une violence verbale et physique dans les rapports : un corps à corps avec lautre quil ne faudra pas chercher à éviter.
Mais notre histoire est avant tout une histoire de famille : au-delà de la mesquinerie des rivalités, tous sont prêt à se réconcilier dans lamour du travail avec le sens de lintérêt commun : faire rêver et aussi divertir son public. Lhistoire de cette troupe est aussi lhistoire de notre troupe où chacun existe en fonction de son mérite, où chacun apporte sa pierre à lédifice du spectacle, où chacun est à la fois un individu et le rouage dun ensemble. Du théâtre sur le théâtre, rien de plus aisé de passer au théâtre dans le théâtre et de montrer au public ce qui lui reste souvent dissimulé, le dessous des cartes, lenvers du décor.
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